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La radio, championne de l’info !

L’institut TNS-Sofres a récemment publié son étude annuelle, réalisée pour le compte du journal La Croix, le «Baromètre de confiance dans les média 2015 ». 1052 Français de plus de 18 ans, interrogés chez eux, en face-à-face, du 8 au 12 janvier 2015, selon la méthode des quotas.

TNS

Bien sûr, la période de l’étude a certainement eu un fort impact sur les résultats : l’attentat contre Charlie Hebdo s’est passé la veille, le 7 janvier 2015, et cette tuerie a mobilisé l’ensemble du peuple de France, citoyens, forces de l’ordre et médias. La chasse aux terroristes a duré deux jours, s’est conclue le 9 et la France s’est rassemblée dans d’immenses marches républicaines les 10 et 11 janvier. L’étude se situe donc dans une période de très grandes audiences pour les médias. Cela est très intéressant en fait car chacun a consommé durant ces 5 jours tous les médias disponibles, tv, radio, internet et presse écrite, et a pu se faire une idée plus précise du rendu et du rôle de chaque support.

Sur la question de la restitution de l’information, les sondés, comme tous les ans, placent la radio en tête de tous les médias.

LaCroix

Devant la TV, la presse et l’internet, les consommateurs d’info

considèrent que c’est véritablement sur les ondes radio qu’ils ont la meilleure restitution d’un événement, tel qu’il s’est passé.

L’étude confirme également une tendance déjà observée dans d’autres études : les personnes interrogées considèrent que les médias font trop de place aux mauvaises nouvelles. Une tendance que devrait certainement méditer les rédactions françaises…!

Sur le cas particulier des événements « Charlie Hebdo », on a pu également s’apercevoir de la différence de traitement de l’info dans les médias. Personnellement, pendant cette période, mes sources d’information ont été principalement concentrées sur la radio et la TV. En fonction des moments, chaque support a eu son importance. Mais au final, je m’aperçois que celui qui m’a le plus accompagné a été la radio. Car on s’aperçoit vite en TV que souvent, la matière « images » est très pauvre ou même carrément absente. Et du coup, la TV fait de la radio en plateau et a malheureusement tendance à « tirer à la ligne » pour garder l’antenne qu’elle a entièrement basculée sur l’événement en cours. Et pour faire de la radio, rien ne vaut la radio et ceux qui la font !

Il est si facile désormais de faire des directs avec un simple téléphone mobile que cela rend la radio vraiment très réactive et place ses reporters au cœur des actions. Les directs en TV sont encore lourds à mettre en place, et une caméra « fixe », placée loin du sujet dont on parle, accentue ce sentiment de voyeurisme qui ne convient pas à « l’information ».

En ce qui concerne le traitement de ces attentats, les français ont répondu de façon très majoritaire sur le fait que cela leur a permis de bien comprendre ce qu’il se passait. En revanche, ils sont partagés sur des thèmes comme « les medias ont-ils fait attention à ne pas mettre les otages en danger » ou « les medias ont-ils fait attention à ne pas compliquer le travail de la police » : en gros, la moitié des sondés est d’accord alors que l’autre moitié est en désaccord.

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (C.S.A.) est pour sa part totalement en désaccord avec ces items. Après écoute et visionnage des éléments d’antenne et auditions des responsables des médias, il vient de publier au J.O. 15 mises en garde et 21 mises en demeure concernant la quasi-totalité des radios d’information et des TV françaises, publiques et privées.

logo CSA

Celles-ci se sont immédiatement insurgées de façon individuelle et ont certainement prévu une réponse collective dans les prochains jours. Il est vrai que les citations du C.S.A. posent de nombreuses questions sur le suivi en direct d’événement de ce type. Et Il faut ajouter que les compétences de l’organisme de régulation ne concernent que les médias traditionnels. Comment imaginer vouloir réguler à ce point la couverture en direct de tels événements sans tenir compte des médias numériques ? Une radio pourrait donc être interdite de diffuser une information en direct alors que son site internet le pourrait ou qu’elle pourrait diffuser une « alerte » sur son appli mobile ? Et comment réguler les médias internationaux que l’on peut écouter ou regarder en France via Internet ?

Un grand chantier va certainement s’ouvrir à partir de ces éléments et il convient de bien réfléchir à tous les nouveaux usages et les nouvelles consommations des medias. La radio est la championne en France en matière de confiance. Il ne faudrait pas qu’elle ait tellement de contraintes qu’elle ne puisse plus exprimer ses valeurs fondamentales que sont le direct, la réactivité et l’instantanéité, alors qu’une zone de non-droit se développerait sur le net !

Frédéric Courtine

 

Pour découvrir le baromètre :

http://www.tns-sofres.com/etudes-et-points-de-vue/barometre-2015-de-confiance-des-francais-dans-les-medias

 

Pour les décisions du C.S.A. du 12 février 2015 :

http://www.csa.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/Traitement-des-attentats-par-les-televisions-et-les-radios-le-Conseil-rend-ses-decisions

 

Recommandation du CSA concernant les actes terroristes (20 novembre 2013)

http://www.csa.fr/Espace-juridique/Deliberations-et-recommandations-du-CSA/Recommandations-et-deliberations-du-CSA-relatives-a-d-autres-sujets/Recommandation-n-2013-04-du-20-novembre-2013-relative-au-traitement-des-conflits-internationaux-des-guerres-civiles-et-des-actes-terroristes-par-les-services-de-communication-audiovisuelle

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